communiqué de presse

Ouverture de l'Assemblée Générale de l'AIMF - Discours d'Anne Hidalgo

Municipalité
Seul le prononcé fait foi
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  • Solène BURES
Élus référents
  • Anne HIDALGO

Madame la maire de Tunis, chère Souad BEN ABDERRAHIM,

Monsieur le ministre-président de Wallonie, cher Elio Di RUPO (en visioconférence),

Monsieur le secrétaire d’État chargé du Tourisme, des Français de l’Étranger et de la Francophonie, cher Jean-Baptiste LEMOYNE,

Monsieur le Secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe (UMA), cher Taïeb BACCOUCHE,

Monsieur l’ambassadeur, conseiller spécial de Louise MUSHIKIWABO, secrétaire générale de la Francophonie, cher Désiré NYARUHIRIRA (en visioconférence),

Monsieur le chef du gouvernement tunisien, cher Hichem MECHICHI,

Mesdames, messieurs les maires et représentants des membres de l’AIMF,

Mesdames, Messieurs,

Je suis très heureuse d’être avec vous aujourd’hui à Tunis et je remercie Souad BEN ABDERRAHIM qui, malgré le contexte particulier, nous accueille pour cette assemblée générale de l’Association Internationale des Maires Francophones.

En préambule, je souhaiterais rendre hommage à nos collègues décédés, il y en a plusieurs. Je pense surtout à notre collègue et ami Firsat SOFI ALI, gouverneur d’Erbil, ville qui a rejoint l’AIMF en tant que membre associé en juin 2019. Le 18 novembre dernier, Firsat SOFI ALI est décédé des suites du Covid. Il avait 42 ans. Nous adressons toutes nos condoléances à sa famille, à ses proches et aux Erbiliotes.

Nous sommes aussi à une date anniversaire, la commémoration de la mort du leader syndical Farhat Hached. Je voudrais dire combien sa mémoire fait partie de ce que nous portons comme valeurs.

Nous allons faire une minute de silence en hommage aux victimes du covid.

La francophonie : ce qui nous unit est à la fois une langue, une langue qui véhicule des valeurs, une langue qui se conjugue avec d’autres langues maternelles, c’est la grande force de la francophonie, elle ne s’impose pas.

La francophonie c’est aussi se retrouver autour de valeurs universelles. L’AIMF se retrouve dans cette histoire commune, dans ces valeurs communes. Ce qu’apporte l’AIMF au mouvement francophone international c’est notamment de pouvoir rendre concrets des projets qui permettent aux valeurs auxquelles nous croyons de se traduire dans la réalité. Tous les jours, à partir de nos compétences de maires, partout dans le monde, nous nous appuyons sur ces valeurs, sur un réseau extrêmement fraternel, pour construire des actions concrètes dans l’ensemble des domaines qui couvrent l’action municipale.

Cette assemblée générale nous réunit à la fin d’une année éprouvante. Elle a été marquée par une crise sanitaire d’une ampleur inédite, qui a bouleversé nos vies et notre rapport aux autres. Elle a accru encore les inégalités sociales et nous devrons collectivement apporter une aide aux personnes les plus vulnérables, touchées par la maladie mais aussi les répercussions économiques de la crise.

S’il fallait retenir un point positif de cette crise, c’est peut-être celui de la solidarité internationale qui n’a jamais cessé. Nos échanges ont été essentiels pour lutter contre la pandémie et nous pouvons nous en réjouir, j’y reviendrai.

Cette année 2020 nous aura profondément changés. Et je veux avoir un mot pour remercier les membres de l’AIMF : nous avons su être à la hauteur de ce défi.

En quelques semaines, nous avons réagi sur nos territoires, défini des priorités et partagé nos expériences. Je veux saluer la mobilisation exceptionnelle des villes de notre réseau.

Je ne les citerai pas toutes mais Genève et Lausanne étaient présentes, Namur et Woluwe St Lambert, Nantes, Lyon et Bordeaux, Luxembourg, Phnom Penh et Vientiane, Nouakchott mais aussi Paris. Les résultats de cette mobilisation vous seront présentés tout à l’heure.

Notre réseau a également montré qu’il était plus que jamais solidaire : je pense à l’attention portée à Beyrouth, en œuvrant à la réhabilitation d’un hôpital ravagé par l’explosion du 4 août dernier ou encore à celle portée à Erevan, qui fait face à l’afflux de réfugiés.

Cet engagement de notre réseau s’articule aujourd’hui autour de trois axes que sont la santé, l’éducation et l’accès à l’eau, qui fondent notre action sur le terrain et sur lesquels j’aimerais avoir un mot.

1. La santé a plus que jamais été au cœur de nos préoccupations cette année. Elle le sera à nouveau pour la nouvelle année qui vient.

La mise en œuvre d’un fonds de coopération et de solidarité a permis de mobiliser immédiatement plus d’un million d’euros pour faire face à la situation d’urgence. En parallèle, l’AIMF apporte son soutien pour renforcer les centres de santé municipaux afin d’améliorer l’accès à la santé des populations les plus fragiles. À Tunis, à Libreville, à Antananarivo, à Ouagadougou, au Togo… : plusieurs programmes emblématiques ont été menés, d’autres sont en cours, notamment dans le cadre du partenariat avec la Fondation Gates.

Ces programmes ont prouvé leur efficacité sur le terrain, à l’épreuve du Covid, tant pour l’identification des besoins que pour le montage des opérations. En matière de santé, l’année 2020 aura également été marquée par la reconstruction du service Covid de l’hôpital non-confessionnel Karantina de Beyrouth, avec la mobilisation de 400 000 euros pour les travaux. Nous pouvons nous en réjouir.

Pour cette nouvelle année, la santé sera à nouveau au cœur de nos actions et de nos priorités.

Nous serons au rendez-vous pour accompagner la stratégie et la mise en œuvre des campagnes de vaccination sur l’ensemble de nos territoires. L’enjeu de la vaccination doit nous rassembler.

2. Deuxième sujet : l’éducation, notamment celle des filles, qui demeure un axe prioritaire de la coopération au sein de notre espace francophone

Je veux saluer le fait que nous avons plus de femmes élues dans nos villes, il y a une mobilisation extraordinaire de notre réseau, avec de la formation, de l’accompagnement. Ces femmes élues deviennent des « role models » pour les petites filles. On le sait, lorsque les femmes accèdent aux responsabilités, la démocratie locale progresse, pas seulement pour les femmes mais aussi pour les hommes.

C’est dans cet objectif que l’AIMF finance la rénovation de bâtiments scolaires. Depuis 5 ans, 2 millions d’euros ont ainsi été fléchés dans cette direction. Nous devrons avoir à cœur de poursuivre sur cette voie, celle de l’égalité réelle.

L’éducation c’est aussi celle de nos enfants face à la réalité d’une crise climatique dont nous observons les ravages dans nos villes. C’est notamment la raison pour laquelle j’ai décidé de créer à Paris une Académie du climat qui permettra à nos jeunes d’être mieux informés et plus conscients encore des périls et des manières d’atteindre la neutralité carbone. J’espère que d’autres villes membres de l’AIMF pourront créer à leur tour des Académies du climat, fondées sur une pédagogie novatrice s’appuyant notamment sur les outils numériques inspirés de TUMO, cette formidable école du numérique créée à Erevan. Je vous donne rendez-vous en septembre 2021 pour le lancement de celle de Paris.

3. Troisième axe : l’accès à l’eau potable dans les villes

L’accès à l’eau potable est un enjeu majeur et essentiel pour améliorer les conditions de vie des populations les plus fragiles. C’est aussi une condition pour favoriser l’émancipation des femmes, cette corvée reposant le plus souvent sur elles.

La mobilisation de l’AIMF permet non seulement de financer très concrètement les infrastructures, mais aussi de renforcer la maîtrise d’ouvrage municipale, en s’appuyant sur la construction de partenariats multiples.

5 millions d’euros ont ainsi été mobilisés au cours des 5 dernières années pour des programmes d’accès à l’eau à Vientiane, à Casablanca, à Nouakchott, à Bangangté, à Dschang, ou encore à Abidjan.

L’AIMF contribue puissamment - et je l’en remercie - à ce que, dans les quartiers les plus démunis de nos villes, pour les populations les plus fragiles, la qualité de l’eau et de l’air ne soit pas un facteur discriminant supplémentaire. Nous devrons continuer nos efforts sur ce sujet qui ne cessera de prendre de l’importance face au dérèglement climatique. L’eau, comme la qualité de l’air, conditionnent notre survie. Ils sont l’un et l’autre des biens publics mondiaux.

4. Enfin, je me réjouis de voir que cette assemblée générale place le numérique au cœur de nos échanges

Le numérique est au cœur de nos vies, cette année peut-être plus que jamais.

Grâce à cet outil nous avons pu maintenir un lien les uns avec les autres, échanger, dialoguer, quand bien même les frontières étaient fermées et que nous étions confinés, en quarantaine ou soumis au couvre-feu. Le numérique nous a permis, aussi, de trouver, ensemble, des solutions pour protéger nos populations.

En sens inverse, cette crise sanitaire a aussi montré le caractère intrusif du numérique dans la vie privée, dans notre intimité, dans l’organisation de notre temps. Toutes les institutions, publiques ou privées, détiennent des informations détaillées concernant la vie des citoyennes et des citoyens. Ces informations sont stockées et utilisées pour améliorer la médecine et mieux nous protéger.

Parfois aussi, ces informations sont utilisées à mauvais escient et pour des visées commerciales.

Nous connaissons les opportunités mais aussi les risques que le numérique peut entraîner, les risques qu’il peut faire peser à la liberté d’expression, à la tenue d’élections libres et équitables, à l’incitation à la haine, à la violence, au harcèlement en ligne.

Le travail que nous avons engagé ici, à Tunis, et que nous poursuivrons dans les prochaines années, se veut tant porteur d’innovation que de protection. À nous de démontrer que la révolution numérique est un outil au service du développement de nos territoires, mais également de nos valeurs, au premier rang desquelles la démocratie et la défense des droits de l’Homme.

Nous nous retrouvons aujourd’hui pour écrire une feuille de route commune, à laquelle nos villes adhèrent en soutenant des projets numériques concrets dans l’intérêt de nos citoyennes et de nos citoyens mais aussi la création de standards éthiques digitaux qui seront utiles pour les décideurs des politiques urbaines.

C’est ce que nous voulons porter et que nous avons traduit dans une déclaration qui sera soumise à votre vote.

Mesdames, messieurs,

Nous sommes ici pour faire vivre notre réseau, et je remercie celles et ceux qui ont pu faire le déplacement tout comme celles et ceux qui nous suivent à distance, pour défendre nos projets et nos valeurs.

L’AIMF est à l’avant-garde de la diplomatie des villes qui ne se substitue pas à la diplomatie des États, mais qui est quelque chose de plus agile, de plus libre car à l’échelle locale on arrive souvent à dépasser des conflits de communautés, de points de vue. Nous sommes un outil qu’il faut mobiliser.

Depuis plusieurs années vous le savez, nous avons décidé d’incarner les valeurs que nous portons en remettant un prix, celui de la femme francophone. Cette année, il vous est proposé de récompenser le travail de deux femmes créatives et exceptionnelles qui ont créé une start-up servant leur territoire. Celui de Namur, en matière de co-construction culturelle et d’animation de la ville. Celui de Paris, en rassemblant celles et ceux qui sont en capacité de se mobiliser au service de la santé publique.

Je veux vous dire ma fierté d’être la présidente de cette très belle association, une association dans laquelle j’apprends tous les jours, et je m’inspire de ce que vous faites les uns et les autres dans vos villes, c’est une source d’inspiration et aussi un réconfort de savoir que ce réseau existe, qu’il est actif et qu’il contribue à faire changer le monde.

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10 décembre 2020

Assemblée Générale de l'AIMF Discours d'Anne Hidalgo