communiqué de presse

Inauguration du Musée Carnavalet : discours d’Anne Hidalgo

Culture
Seul le prononcé fait foi
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  • Franck CHAUMONT
Élus référents
  • Anne HIDALGO

Madame la ministre, chère Roselyne BACHELOT,

Monsieur le maire, cher Ariel WEIL,

Madame la présidente de Paris Musées, chère Carine ROLLAND,

Madame la directrice générale de Paris Musées, chère Anne-Sophie DE GASQUET,

Madame la directrice du musée Carnavalet – Histoire de Paris, chère Valérie GUILLAUME,

Chers amis,

C’est un bonheur d’être avec vous pour cette inauguration. Il y a des moments à part dans la vie de maire de Paris et celui-ci en fait partie.

Dans trois jours, les Parisiennes, les Parisiens et celles et ceux qui aiment Paris retrouveront leur musée Carnavalet, après avoir retrouvé leurs autres musées, leurs terrasses, leurs cinémas, leurs habitudes. Leur musée. J’utilise le singulier à dessein, car le musée Carnavalet est, plus qu’aucun autre, le musée des Parisiennes et des Parisiens.

L’un des plus anciens musées de Paris, construit par eux et pour eux.

Et quelle meilleure preuve que cette allégorie de Paris qui nous surplombe ? Levons les yeux pour observer ce magnifique pavillon des drapiers du XVIIe siècle, parfaitement rénové. On y voit l’allégorie de Paris et, sous elle, son blason et sa devise : Fluctuat nec mergitur.

Paris au cœur du musée Carnavalet. Le musée Carnavalet au cœur de Paris.

La réouverture tant attendue de Carnavalet s’inscrit dans un mouvement plus large qui, hasard du calendrier, concorde parfaitement avec la renaissance progressive de notre capitale après plus d’un an de pandémie.

Cet élan, c’est celui de la transformation profonde du centre de Paris entamé il y a quelques décennies déjà avec le projet du Grand Louvre par François MITTERRAND.

En l’espace de quelques semaines, de nombreux lieux emblématiques vont ouvrir ou rouvrir, ces lieux qui font la renommée mondiale de Paris et participent à sa grandeur.

Je pense à la bourse de Commerce, à l’hôtel de la Marine, à la Samaritaine. Je pense aussi au musée Victor Hugo, à deux pas d’ici. Demain, Notre-Dame réparée retrouvera toute sa splendeur, au cœur de Paris.

C’est tout le cœur de Paris qui renaît.

Un centre qui fait la part belle à la culture, à l’histoire, à la promenade dans un cadre agréable, préservé du bruit et de la pollution.

Un centre qui bouillonne, qui invente, qui aiguillonne, à mesure que Paris s’agrandit, dépassant demain les frontières du périphérique.

Un centre qui sera encore plus beau, plus vivant, alliant plus que jamais tradition et modernité.

Et je veux saluer le maire d’arrondissement, Ariel WEIL, qui mène admirablement ce projet.

Au cœur de ce centre revalorisé, le musée Carnavalet retrouve toute sa place.

C’est un réconfort pour les Parisiennes et les Parisiens qui ont toujours éprouvé une grande fierté pour ce musée.

Ils l’aiment, profondément.

Ils y reviennent. Ils en ont des souvenirs précis. Des souvenirs d’enfance.

Si les Parisiennes et les Parisiens y sont si attachés, c’est parce que le musée Carnavalet raconte leurs vies, grandes ou petites, illustres ou anonymes.

On le voit dès le début de la visite avec la salle des enseignes, magnifiquement restaurée. Ces enseignes, ce sont leurs restaurants, leurs échoppes, leurs hôtels, le quotidien de leurs rues et de leurs quartiers.

Ils l’aiment car c’est un musée convivial, et je le dis avec beaucoup d’affection. Un musée qui n’est pas arrogant, qui n’écrase pas, mais qui invite et accueille.

Si nous aimons tant ce musée c’est aussi parce que nous avons, toutes et tous, « notre » musée Carnavalet. Celui qui nous ressemble.

Nous avons nos rituels, notre salle favorite, notre période préférée, nos personnages favoris.

Pour certains, c’est le néolithique, fascinés que nous sommes par les vestiges de pirogues vieilles de plus de 2 000 ans avant notre ère.

Pour d’autres, c’est le Moyen Âge et ces objets étranges retrouvés à l’île de la Cité.

Pour d’autres, c’est la Renaissance, émerveillés par les vitraux flamboyants des églises parisiennes.

Pour d’autres, c’est la Révolution française - dont les rares traces dont nous disposons sont toutes conservées ici. Et comment ne pas être émus par le Serment du Jeu de Paume de David, par l’encrier de Camille Desmoulins, le pistolet de Saint-Just, le médaillon contenant les cheveux de Robespierre ?

Pour d’autres, c’est Napoléon 1er et son nécessaire de campagne qui fascine encore de nos jours par l’ingéniosité de son agencement.

Pour d’autres, c’est la Commune qu’ils aiment célébrer en regardant le portrait de Jules Vallès et les reliquats d’affiches.

Pour d’autres, c’est la Libération de Paris et les photographies immortalisant ce moment historique.

La liste est longue, car le musée Carnavalet est un musée qui retrace toute l’histoire de Paris. Sans hiérarchiser, sans sélectionner, sans idéologiser.

Après quatre années de travaux de rénovation, les Parisiennes et les Parisiens vont à nouveau pouvoir déambuler entre ces murs, profiter de ces jardins et admirer ce bâtiment d’une rare beauté en plein cœur du Marais.

Ce projet de rénovation était, disons-le, titanesque.

Et il y aurait bien eu des raisons d’abandonner.

Les contraintes de conservation étaient innombrables. Le défi était colossal pour loger un musée dans un bâtiment qui n’avait pas été pensé pour l’être.

Un bâtiment qui ne répondait plus aux normes de sécurité et d’accessibilité.

Mais le projet a abouti et je veux saluer le travail de celles et ceux qui y ont contribué.

J’ai une pensée émue, sincère, profonde, reconnaissante, pour Delphine LEVY qui a porté ce projet de toute son âme.

Je veux tirer un coup de chapeau particulier pour le travail exceptionnel mené par l’agence François Chatillon Architectes qui nous permet, aujourd’hui, de voir toute la richesse du patrimoine parisien.

Alors que l’architecture de nombreux musées tend à s’uniformiser à travers le monde, pour plus de facilité ou plus de commodité, faire le choix de conserver le musée Carnavalet dans son bâtiment d’origine est presque un acte de résistance.

Et nous pouvons en être fiers. Car ce bâtiment mérite d’être vu de toutes et de tous, tel qu’il est, dans toute sa splendeur.

Grâce à ce travail de rénovation, le musée est plus beau.

Le musée est aussi plus complet. Je pense aux nouvelles salles, agrandies, qui permettent dorénavant de se plonger dans la Préhistoire à Paris.

Il est aussi mieux accessible pour permettre aux plus jeunes, à nos enfants, et aux personnes en situation de handicap d’en profiter pleinement.

C’était une évolution nécessaire pour partager avec le plus grand nombre cette mémoire de Paris.

Pour la première fois, le musée a par ailleurs été construit selon un fil chronologique.

Il est désormais ainsi possible d’avoir une vision globale de toute l’histoire de Paris, de la Préhistoire à nos jours, tout en passant aisément d’une période à une autre.

Les visiteurs pourront voyager à travers le temps et naviguer à travers une collection unique de peintures, de sculptures, de pièces de mobilier, d’objets d’art, de dessins, de maquettes.

Et par leur imagination, cette « reine des facultés » chère à Baudelaire, ils pourront faire leur l’ambition de tout musée : mieux connaître notre passé pour mieux comprendre le présent et mieux dessiner l’avenir.

Avec le musée Carnavalet, l’exercice est particulier.

Ce n’est pas tout à fait un musée d’histoire, pas tout à fait un musée d’art, ni un musée d’objets.

Ou alors c’est tout cela à la fois.

C’est aussi un musée historiographique, c’est-à-dire un lieu pour penser la manière dont on écrit l’histoire de Paris.

Pour réfléchir, ensemble, aux façons de la raconter, de la restituer, de la transmettre.

C’est un musée qui nous invite à penser au rôle de l’histoire, à ce qu’on attend d’elle.

Et, là encore, le musée Carnavalet fait preuve de résistance : contre la volonté de tout simplifier, il montre les controverses, les nuances, les curiosités d’une ville qui n’a cessé de jouer un rôle dans le monde entier.

Plus qu’un récit, il propose une réflexion.

Et dans une époque marquée par l’immédiateté et l’urgence, prendre le temps de penser l’histoire, longue et complexe, est plus que jamais nécessaire.

Venir ici, c’est donc arrêter le temps. C’est une respiration, une pause pour s’émerveiller, flâner, rêver.

Venir ici, c’est aussi déclarer son amour à Paris, à son histoire et, plus largement, à l’histoire de France.

Tous ces objets, ces portraits, ces peintures, toutes ces œuvres rénovées et exposées portent en elle notre mémoire, une mémoire universelle, qu’il nous faut connaître et transmettre.

Cette mémoire, c’est celle de Paris, de son histoire, celle des Parisiennes et des Parisiens, de leurs combats, de leurs doutes. C’est une histoire faite de tensions et de révoltes comme d’union et de fraternité.

C’est pourquoi c’est une telle joie de voir le musée Carnavalet à nouveau ouvert.

Les Parisiennes et les Parisiens vont pouvoir se le réapproprier, se réapproprier leur histoire.

J’aimerais terminer en remerciant chaleureusement toutes les équipes du musée qui travaillent si bien sous la conduite de Valérie GUILLAUME, que je remercie tout particulièrement, et d’Anne-Sophie DE GASQUET.

Votre musée participe à la grandeur de Paris, à ce qui fait notre fierté, à son rayonnement dans le monde entier.

Vous avez la belle mission de faire connaître l’histoire de Paris.

Je sais que vous l’accomplirez, admirablement.

Je vous remercie.  

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communiqué de presse
26 mai 2021

Inauguration du musée Carnavalet Discours d'Anne Hidalgo