Mes chers collègues,
Le budget que nous vous présentons répond à un besoin de stabilité et de confiance. Il prouve, une nouvelle fois, que les Parisiennes et les Parisiens peuvent compter sur nous, même quand le pays traverse une période économique particulièrement éprouvante.
Il est à l’image de notre politique : solidaire et ambitieux.
Solidaire car ce budget montre que Paris sera toujours prête à déployer les moyens nécessaires pour garantir l’accès aux services publics et tendre des filets de protection pour les classes moyennes et les plus vulnérables d’entre nous.
Ambitieux car, malgré les incertitudes liées à l’inflation, à la guerre en Ukraine, il ne revient pas sur les engagements pris pour adapter notre ville au changement climatique afin qu’il soit toujours possible d’y vivre dans de bonnes conditions dans les années qui viennent. Et compte tenu de l’urgence, nous allons accélérer.
Pour faire vivre la solidarité tout en menant la transition écologique, nous avons dû faire des choix politiques clairs. Nous les assumons.
1. Ce budget, nous l’avons bâti dans un contexte difficile, je dirais même triplement difficile, marqué par la guerre en Ukraine, l’inflation et le désengagement toujours plus prononcé de l’État
Plus que toute autre Ville, Paris supportera, en 2023, le coût de la crise énergétique et de l’inflation, à hauteur de 100 M€. Elle assumera également les mesures décidées unilatéralement par le gouvernement, comme la revalorisation du point d’indice pour un coût de 64 M€.
Nous aurions pu, face à cette situation, pensé que l’État viendrait à notre chevet. Il n’en a rien été. Pire, l’État n’a cessé de se désengager.
Il continue à se désengager en diminuant les dotations octroyées à la ville : comme en 2022, la Ville ne recevra pas de dotation globale de financement (DGF) en 2023 (seulement 40 000 euros forfaitaires).
Il continue à se désengager en réduisant encore notre autonomie fiscale, avec la suppression de la CVAE, tout en nous demandant d’augmenter de 5,7% notre contribution à la péréquation.
Dans ce contexte, nous verserons cette année, au titre de la péréquation régionale et nationale 720 millions d’euros de contribution contre une DGF à 40 000 euros pour la Ville de Paris. Sans, bien sûr, contester le principe de la péréquation, cette disproportion est extravagante !
Nous avons pourtant formulé des propositions dès le début de l’examen du projet de loi de finances. Mais nos amendements ont été écartés et, par l’utilisation du 49.3, le gouvernement a choisi de passer en force.
2. À l’arrivée, c’est notre capacité à agir qui est atteinte. Dans ce contexte difficile, nous aurions pu décider de ralentir notre action, de fermer certains services publics pour un temps, d’augmenter les tarifs de la cantine….
Nous aurions aussi pu choisir de nous désengager des nombreuses politiques publiques qui bénéficient au territoire francilien tout entier, notamment par la mise à disposition de services ou d’équipements publics, mais aussi grâce à des investissements qui ont des répercussions économiques au-delà du seul territoire parisien.
Nous aurions pu décider de ne plus prendre à notre charge le pass navigo pour les jeunes, les personnes en situation de handicap, les seniors ou les ateliers périscolaires. Nous aurions pu décider de remettre à plus tard la transition écologique.
Nous aurions pu décider de ne plus financer de nouveaux logements dont les familles parisiennes ont tant besoin.
D’autres que nous l’auraient sans doute fait.
Mais stagner ou régresser, ce n’est pas la politique dont ont besoin les Parisiennes et les Parisiens. Nous devons continuer à agir, chaque jour, dans nos rues, nos écoles, nos services publics pour être aux côtés des familles parisiennes, répondre à leurs inquiétudes et continuer de transformer votre ville pour lutter contre les pollutions et les conséquences du dérèglement climatique.
Pour pouvoir agir, nous avons besoin de marges de manœuvre.
C’est pourquoi nous avons pris la décision de mobiliser le seul levier restant à notre disposition, le seul outil de solidarité fiscale : une augmentation du taux de la taxe foncière de 7 points et de faire appel à la solidarité des propriétaires parisiens.
Malgré cet ajustement, nous restons dans une fourchette très basse par rapport aux autres villes française.
Pour dégager encore plus de marges de manœuvre, j’ai demandé à l’administration parisienne tout entière de participer aux efforts collectifs.
Je pense au plan de sobriété énergétique qui nous conduit à baisser les températures dans tous nos bâtiments, réduire l’intensité de l’éclairage des façades des monuments municipaux. Je pense aussi aux efforts demandés à l’administration pour contenir les frais de gestion courante.
3. Grâce à ces choix, ce budget pour 2023 nous permet de préserver nos services publics et d’investir massivement pour accélérer la révolution écologique
Nous avons réussi à rétablir notre épargne brute à 876 M€, ce qui représente une hausse de près de +118% par rapport à l’année passée. Nous pouvons nous en réjouir.
De quoi est fait ce budget 2023 ?
En matière de fonctionnement d’abord.
La progression de la fiscalité locale, à hauteur de 465 millions d’euros, permet d’augmenter de 9,5% nos recettes et de compenser l’augmentation de plus de 4% de nos dépenses.
Cette hausse des dépenses s’explique par deux facteurs : d’abord, par la hausse de la masse salariale (notamment à la suite du Ségur et de la revalorisation du point d’indice) ; ensuite, par l’augmentation continue des dépenses de péréquation comme je l’évoquais tout à l’heure.
En matière d’investissement ensuite.
S’il y a un chiffre sur lequel nous devons nous attarder ce matin, c’est bien celui du niveau d’investissement pour 2023 : plus de 1,7 milliard d’euros
C’est inédit et nous pouvons en être fiers. Oui, nous assumons d’investir en période de crise économique quand d’autres font le choix de l’austérité.
Là où certains reculent face à l’ampleur du défi climatique, nous faisons le choix de l’avenir. Car investir aujourd’hui, c’est éviter que notre dette climatique n’explose.
Investir c’est permettre à Paris de toujours plus rayonner.
Car n’oublions jamais que nos investissements, outre leurs effets sur le bien-être des Parisiennes et des Parisiens, ont des effets massifs sur l’économie et l’emploi et participent aussi à la dynamique francilienne et bien au-delà.
4. En donnant la priorité à la préservation de services publics, et donc à la solidarité, le budget 2023 s’intéresse tout particulièrement aux familles, aux classes moyennes parisiennes et aux ménages les plus fragiles
Le budget 2023 c’est 2,5 milliards d’euros pour la santé et l’action sociale et 854 millions d’euros pour la culture, la vie sociale, la jeunesse, les sports et les loisirs.
Concrètement, cela signifie :
- Maintenir l’ouverture de l’ensemble des équipements de la Ville, qu’il s’agisse des gymnases, des piscines, des bibliothèques ;
- La création de nouveaux établissements, notamment une école polyvalente de 8 classes dans le 8eme arrondissement, la restructuration de la cité scolaire Gabriel Fauré dans le 13ème, la rénovation du groupe scolaire Maurice Rouvier dans le 14ème, la création d’une nouvelle piscine dans le 18ème arrondissement, sans oublier la création de deux nouveaux gymnases à la Porte de la Chapelle et dans la ZAC de la gare des Mines, ainsi que la création de nouvelles crèches dans le futur quartier Saint-Vincent-de-Paul (14ème), à Charenton-Meuniers (12e) et rue Théodore Deck dans le 15eme arrondissement
- L’ouverture de 800 places de crèche et d’haltes garderies en 2023 dans tout Paris ;
- Le maintien de la gratuité des services PMI, des activités périscolaires, du Pass Navigo pour les plus jeunes, pour les personnes en situation de handicap ou pour les personnes âgées ;
- Le maintien des tarifs des cantines en prenant à notre charge la hausse de 40% des prix, et une poursuite du développement du bio ;
- Le maintien de l’offre éducative comme les temps d’activité périscolaires ;
- Un quart des investissements à destination des quartiers prioritaires de la ville.
Pour le dire autrement, voilà ce que je vous propose de refuser :
- Faire exploser de 40% les tarifs de la cantine ;
- Mettre fin à la gratuité des activités périscolaires mais aussi à la gratuité des musées ;
- Geler le recrutement de 400 policiers municipaux ;
- Mettre fin à la gratuité du Pass Navigo pour les jeunes et les séniors, au détriment de dizaines de milliers de Parisiens ;
- Fermer les piscines publiques, comme y sont contraintes plusieurs villes de France à cause de l’augmentation du prix de l’énergie, ou mettre fin aux baignades estivales gratuites ;
- Ne plus accompagner en période de crise économique 200 000 foyers parisiens grâce aux aides du centre d'action sociale.
Nous faisons au contraire le choix résolu et assumé de la solidarité, et d’abord en matière de logement.
Notre ligne est claire : continuer à construire toujours plus de logement sociaux et de logements à prix abordable pour que les Parisiennes et les Parisiens qui travaillent à Paris puissent continuer à y vivre, même lorsque la famille s’agrandit. Plus de 280 millions d’euros seront mobilisés pour atteindre 25 % de logements sociaux en 2025.
La solidarité, elle se lit aussi dans notre capacité à accompagner les plus vulnérables.
C’est pourquoi nous allons consacrer 1,6 milliards d’euros au financement de la solidarité pour lutter contre l’exclusion, financer les aides –le Revenu de solidarité active (RSA), le Fonds de solidarité pour le logement (FSL), le plan parisien d’insertion par l’emploi (PPIE) et le Fonds d’aide aux jeunes (FAJ) – et les centres sociaux, accueillir et accompagner les personnes en difficultés et sans domicile, les personnes en situation de handicap.
Nous consacrerons 312 millions d’euros à la protection de l’enfance, notamment pour financer les clubs de prévention et l’aide sociale à l’enfance.
Je pense aussi bien sûr aux personnes âgées pour lesquelles nous consacrons près de 230 millions d’euros pour financer l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) mais aussi les hébergements, les centres d’accueils et les nouvelles formes d’habitat.
Je pense à la maison de santé que nous allons pouvoir construire dans le 20eme arrondissement, à Python-Duvernois mais aussi au projet de restructuration de l’EHPAD Arthur Groussier à Bondy.
La solidarité, c’est aussi le fait de pouvoir se sentir en sécurité quel que soit son quartier et de profiter d’une ville agréable où que l’on soit.
Pour être au plus près chaque jour des Parisiennes et des Parisiens, protéger les piétons et les usagers les plus vulnérables, veiller à la propreté de la ville et apaiser la ville le soir, 16,2 millions d’euros seront consacrés aux missions dévolues à la police municipale dont 11 millions pour la protection et la surveillance des espaces publics et renforcer la sécurité routière.
Enfin, nous créerons 123 postes au sein de la DPMP dont 100 postes d’agents de police municipale.
5. Solidarité d’une part, transition écologique de l’autre : ce budget prévoit également une accélération massive et inédite de la transition écologique de Paris
Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, pour faire baisser davantage la pollution qui tue, pour accroître notre autonomie énergétique et protéger nos concitoyens, nous allons investir et mener de grands travaux, en lançant un plan d’accélération de l’investissement jusqu’à la fin de la mandature.
Je pense avant tout à la rénovation énergétique, qui est l’un des plus grands défis qui se dressent devant nous.
Nous mettons en œuvre un grand plan, un plan ambitieux de rénovation thermique des bâtiments municipaux pour un budget de 263 millions d’euros afin de diminuer les émissions de gaz à effet de serre de notre patrimoine bâti. Pour le parc privé, ce budget renforce le dispositif « Eco-rénovons » et viendra accompagner les ménages dans ces étapes indispensables de transformation.
Je pense aussi bien sûr aux énergies renouvelables.
La crise énergétique que nous traversons vient nous le rappeler avec force : nous avons besoin d’être autonomes et d’utiliser une énergie propre.
Nous allons ainsi poursuivre les dispositifs d’expérimentation, notamment le déploiement de panneaux photovoltaïques sur les toitures des bâtiments publics dans le cadre du programme EnergieCulteurs.
Je pense enfin à la promotion de la nature dans notre Ville.
Les espaces verts sont essentiels pour adapter notre Ville au changement climatique.
C’est pourquoi nous poursuivons et accélérons les projets de renaturation et de végétalisation, par la plantation de nouveaux arbres, la réappropriation de 30 hectares dans les bois de Vincennes et de Boulogne ou encore la création de plusieurs forêts urbaines et nous décidons d’investir 16 millions d’euros supplémentaires en faveur de la réalisation de 100 rues aux écoles, en amplifiant encore ce programme emblématique de la mandature.
La préparation des JOP agira enfin comme un formidable accélérateur de la présence de la nature dans la ville, notamment grâce aux possibilités de baignades en Seine.
La liste est longue des projets que nous pourrons réaliser grâce à ce budget, je pense :
- Aux nouvelles pistes cyclables à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros.
- A la valorisation et au traitement des déchets avec le déploiement du dispositif « Trilib’ », la limitation des plastiques à usage unique et l’installation de poubelles de tri sélectif ;
- Au soutien au développement de véhicules propres par des aides à destination des particuliers et des professionnels ;
- Au soutien aux transports en commun avec 44 millions d’euros pour le prolongement du RER « Eole », 600 000 euros pour le T8 Sud et 61 millions d’euros pour l’extension de la ligne de tramway T3, notamment entre la porte d’Asnières et la porte Dauphine ;
- Au soutien à l’économie sociale et solidaire avec notamment le programme « Fabriqué à Paris », le développement de l’agriculture urbaine afin de rapprocher les lieux de production et de consommation et de promouvoir une alimentation durable et saine ou encore la création de restaurants et d’épiceries durables.
Aux travaux de performance énergétique menés dans les piscines, les écoles et les collèges ;
- À l’entretien de nos jardins, de nos places, des cours oasis, à hauteur de 50 millions d’euros ;
- A la rénovation de notre patrimoine, en particulier de ses édifices cultuels avec les rénovations de la Trinité, de Sainte-Anne, de Sainte-Marie Madeleine, de Saint-Eustache ou encore de Saint-Gervais, mais aussi de nos fontaines, de nos établissements publics, scolaires notamment, et de nos rues.
- L’entretien du patrimoine c’est aussi sa propreté, c’est pourquoi une enveloppe de 12 millions d’euros sera allouée aux mairies d’arrondissement pour des campagnes de dégraffitage, le nettoiement mécanique de la chaussée, et toutes ces opérations de nettoyage renforcé plébiscités par les Parisiennes et les Parisiens.
J’aimerais remercier Emmanuel Grégoire, mon premier adjoint, Paul Simondon et Antoine Guillou, mes adjoints aux finances et aux ressources humaines qui, avec les précieuses contributions de l’ensemble des adjoints, ont œuvré pour proposer ce budget fidèle à nos engagements, ainsi que les services de la Ville et son administration.
Mes chers collègues,
En dépit des incertitudes sur le monde qui nous entoure, de l’inflation, de l’effacement de l’État, ce budget montre que nous sommes au rendez-vous de nos responsabilités.
Dans un monde qui vacille, nous sommes un pôle de stabilité. Nous accompagnons les classes moyennes et les plus vulnérables, les jeunes, les familles, les personnes âgés qui sont inquiets.
Nous sommes là pour eux, responsables et prévoyants.
Nous répondons aujourd’hui à l’urgence sociale tout en préparant Paris à l’urgence écologique.
Plus que jamais, il revient à la majorité municipale que j’ai l’honneur de conduire de poursuivre la transformation de notre ville.
C’est donc pour moi un immense honneur de vous présenter aujourd’hui un budget ambitieux qui répond aux attentes des Parisiennes et des Parisiens qui nous ont accordé leur confiance.
Je vous remercie.