Mesdames, Messieurs,
Chers collègues,
Nous avons été au cours des dernières semaines les témoins d’un processus effroyable d’épuration ethnique perpétré par l’Azerbaïdjan sur le territoire et les habitants du Haut-Karabagh.
Depuis le début de l’année, le blocage du corridor de Latchine imposé par Bakou a créé une crise humanitaire majeure.
Pendant des mois, privés de nourriture, de médicaments, de courant électrique, les 120 000 habitants du Haut-Karabagh ont subi les assauts quotidiens de l’armée azérie, en violation patente du droit international et des décisions de la Cour internationale de justice.
Il ne s’agissait alors pas d’une entrave au processus de paix mais bien d’un acte assumé d’agression, pour créer délibérément des conditions de vie insupportables pour la population. Les habitants ont ainsi été forcés de quitter leurs foyers et le Haut-Karabagh.
L’ancien procureur général de la CPI, Luis Moreno Ocampo, a qualifié sans détour cette situation en parlant d’un processus de « génocide » en cours au Haut-Karabagh.
En juin dernier, et alors que certains s’y opposaient et voulaient nous empêcher d’agir en assenant des mensonges – je pense au courrier qui m’avait été adressé par Maître Olivier Pardo, avocat de l’ambassade de la République d’Azerbaïdjan -, le conseil de Paris a adopté à l'unanimité une résolution pour apporter une aide urgente au peuple d'Artsagh et à ceux qui se sont réfugiés en République d'Arménie.
Avec plusieurs élus parisiens et de France, de toutes tendances politiques, nous nous sommes déplacés sur le terrain à la fin du mois d’août.
Nous voulions montrer notre solidarité envers le Haut-Karabagh et l’Arménie mais aussi notre volonté d’alerter sur l’imminence d’une catastrophe humanitaire de premier ordre et l’urgence de sanctions à prendre à l’endroit de l’Azerbaïdjan.
L’aide que nous avons mobilisée, aux côtés du CCAF et de l’UGAB Arménie, visait à répondre aux besoins identifiés par les autorités du Haut-Karabagh, en prévision notamment d’un hiver qui s’annonce terrible si la situation n’évolue pas.
Dès le 19 septembre, l’offensive militaire azérie a malheureusement confirmé les sombres projets que nous craignions. Bakou a mis en œuvre le processus d’épuration ethnique qui semblait prévu depuis longtemps.
Aujourd’hui, près de 100 000 personnes ont quitté leur foyer laissant leur pays derrière eux. Le Haut-Karabagh est ainsi vidé de ses habitants, de sa culture et de son identité : tel était le projet depuis le départ.
L’urgence humanitaire s’est désormais étendue à l’Arménie, où l’accueil de ces milliers de personnes exige notre mobilisation.
C’est dans cet esprit que, conjointement avec le CCAF et les collectivités qui y ont participé, nous avons décidé de rediriger l’aide humanitaire.
Initialement prévue pour les habitants du Haut-Karabagh mais bloquée par l’Azerbaïdjan au corridor de Latchine, elle sera mise au bénéfice des populations ayant fui, désormais, sur le sol arménien.
Le vœu qui vous est présenté vise à appeler nos autorités et la communauté internationale à condamner ce processus génocidaire et d’épuration ethnique entamé par Bakou. Il nous permet également d’octroyer la citoyenneté d’honneur aux Arméniens du Haut-Karabagh afin de les protéger et de leur témoigner de notre soutien et de notre amitié.