La Ville de Paris s’oppose au projet démesuré de la Gare du Nord

Communiqué
Mise à jour le 08/07/2020 à 10h55
Suite à la remise du rapport d’enquête publique en février 2020 sur le projet de rémanénagement de la Gare du Nord, la Ville de Paris avait demandé des évolutions majeures du projet à la SNCF et à Stationord. La Ville de Paris regrette aujourd’hui que ces propositions n’aient pas été prises en compte et que l’Etat délivre le Permis de construire en opposition aux élus locaux et aux associations de riverains et d’usagers des transports. Elle demande une révision complète de ce projet contraire aux exigences écologiques et urbaines portées par l’exécutif parisien, nouvellement élu, et appelle à la poursuite des discussions avec l’ensemble des parties prenantes afin de reconsidérer ce projet en profondeur pour le rendre viable et acceptable.

Le 25 février 2020, la commission d’enquête remettait son avis sur le projet de transformation de la Gare du Nord avec comme première recommandation de « Renouer le dialogue avec la Ville de Paris ». La Ville de Paris a présenté ses exigences au Préfet de Région, à la SNCF et à Stationord, sur la base de deux rapports d’expertise menés par des urbanistes, architectes et spécialistes du ferroviaire.

Le 7 juillet, le permis de construire a été délivré, malgré les demandes répétées de la Ville de Paris d’aboutir à un accord entre les différents acteurs concernés.

La Ville a toujours soutenu la nécessité de rénover la Gare du Nord mais dans le cadre d’un projet donnant la priorité à l’amélioration des conditions de transport des voyageurs et s’intégrant pleinement à la vie du quartier.

Le travail technique des dernières semaines engagé entre la Ville, Gares & Connexions et Ceetrus n’a pas permis de satisfaire les attendus de la Ville et d’atteindre les améliorations indispensables.

En effet, plusieurs points constituent des lignes rouges :

• Le calendrier de chantier, avec l’ensemble de l’opération finalisée pour 2024, est jugé beaucoup trop serré, une situation agravée par la crise sanitaire. Dans ce sens, la Ville demande à scinder les travaux en plusieurs phases et à prioriser le plus urgent, qui doit porter sur l’amélioration des conditions de déplacement des voyageurs du quotidien.

• La nécessité d’abandonner la séparation des flux d’entrée et de sortie (qui est un fonctionnement aéroportuaire inadapté pour une gare), source d’augmentation forte des temps de trajet pour les voyageurs mais aussi d’un impact architectural préjudiciable sur la halle historique.

• L’indispensable dédensification du projet, notamment son volet commercial et évènementiel qui ne correspond pas à un besoin local et rend impossible l’insertion urbaine et architecturale dans le quartier. Cette volonté de densité démesurée aggrave également l’engorgement que le projet prétend résoudre. C’est pourquoi la Ville de Paris propose de réduire le nombre de m 2 pour les commerces de 20 000 à 5 000.

• L’ouverture de la Gare sur l’ensemble du quartier, et notamment par un accès piéton sur le Boulevard de la Chapelle et un meilleur lien avec la rue du Faubourg Saint-Denis.

• L’amélioration de l’intermodalité avec les transports en commun, les vélos et les taxis, pour laquelle des engagements de réalisation sont attendus afin de ne pas renvoyer les extérnalités négatives du projet sur l’espace public.

« C’est pour éviter un projet pharaonique, anti-écologique, dévastateur pour le commerce de proximité et peu adapté aux attentes des nombreux voyageurs qui empruntent la Gare du Nord chaque jour, que nous continuons à refuser ce projet, avec le soutien des collectifs d’habitants. Comme depuis le début, nous sommes prêts à réengager la concertation afin de trouver avec tous les partenaires concernés des solutions », indique Emmanuel Grégoire, Premier Adjoint, en charge de l’urbanisme, de l’architecture, du Grand Paris et des relations avec les arrondissements.