Discours d’Anne Hidalgo, Maire de Paris, aux élus du Conseil de Paris

Mes chers collègues,

Hier, la France a échappé au pire grâce à la mobilisation des électrices et des électeurs ayant fait le choix de la République, en empêchant le RN d’être majoritaire à l’Assemblée nationale.

C’est une bonne nouvelle pour notre pays, l’extrême-droite n’est pas majoritaire.

Je remercie les Françaises et les Français pour leur mobilisation républicaine, je remercie aussi les candidats qui, en responsabilité et quelles que soient leurs formations politiques, se sont désistés pour faire barrage à l’extrême droite.

Le front républicain a fonctionné, par ailleurs, la gauche arrive en tête, je m’en réjouis.

Pour autant, aucune majorité absolue ne se dégage du résultat des élections législatives.

La situation d’instabilité que nous traversons n’a qu’un seul responsable : c’est Emmanuel Macron qui, au soir du 9 juin, a délibérément fait le choix de plonger le pays dans une crise politique majeure.

Ce soir, il subit à nouveau, après les élections européennes, une défaite sans appel.

Il devra en tirer toutes les conséquences.

Il s’était engagé à être le premier rempart à l’extrême-droite, il en a été le marchepied, en permettant le score qu’elle vient de réaliser.

Il nous faudra aussi continuer à promouvoir l’édifice européen, et au nom de l’universalisme, les libertés publiques, la laïcité les droits des femmes et des minorités.

Nous devrons continuer à lutter sans relâche contre le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme qui minent notre pacte républicain.

Nous devrons continuer à protéger les travailleurs et les classes moyennes par des politiques concrètes de logements et des mesures pour le climat comme la gratuité des transports.

En tant que citoyenne française et espagnole et comme Maire de Paris, je continuerai de lutter contre les populismes qui sèment le chaos et tentent de fracturer notre pays pour promouvoir une social-démocratie qui garantira la prospérité, la concorde et l’apaisement de notre pays.

A Paris, la majorité de gauche et écologiste que j'ai l'honneur de conduire depuis 10 ans a toujours combattu et continuera de combattre l’extrême-droite par des politiques utiles, afin que personne ne se sente abandonné à la marge de la République. La politique, c’est du concret qui change la vie des gens. Ce n’est pas que de la sociologie.

Je suis fière d’être la Maire d’une capitale d’espérance, où le Rassemblement national enregistre toujours et encore ses plus faibles résultats.

Oui je le redis sereinement la gauche est largement majoritaire à Paris, comme elle l’est depuis 23 ans, comme l’ont souhaité les Parisiennes et les Parisiens en 2001, en 2008, en 20014 et en 2020.

Voilà la réalité, malgré les discours haineux que nous avons si souvent entendus, proférant des diatribes, des procès constants depuis plus de 20 ans en illégitimité, alors que cette gauche social-démocrate, écologique et européenne est profondément enracinée à Paris et depuis longtemps et pour longtemps.

Paris a désigné 8 sénateurs de gauche et écologistes sur 12 en septembre dernier

Lors des dernières élections européennes Paris a permis à Raphaël Glucksmann de faire son meilleur score et es partis composant la majorité municipale ont obtenu 35 % des voix, devançant de 8 points l’opposition municipale.

Lors du premier tour des élections législatives, Paris a placé la gauche en tête dans 612 bureaux, contre 285 pour la majorité présidentielle et 3 pour Les Républicains.

Les Parisiennes et les Parisiennes ont élu 9 députés de gauche et écologistes dès le premier tour, et 3 supplémentaires hier lors du second tour. Autrement dit 12 députés sur 18. Soit les 2/3 des circonscriptions parisiennes. C’est un score historique pour la gauche à Paris.

Je tiens à féliciter les députés élus et réélus et tout particulièrement deux nouveaux députés socialistes Emmanuel Grégoire et Céline Hervieu.

J’aime à croire qu’en politique les actes valent plus que les mots. En nous renouvelant ainsi leur assentiment, les Parisiennes et les Parisiens prouvent encore leur attachement à notre action. La politique, c’est ce que les gens voient, ce qu’ils vivent et ce qu’ils ressentent.

Mes chers Collègues,

Emmanuel Grégoire a adressé sa démission au Préfet de région qui l’a acceptée.

Nous allons donc procéder à un vote pour remplacer le Premier adjoint, à l’issue de ce débat.

Mon choix ne pouvait se porter que sur Patrick Bloche, l’un des premiers artisans de la victoire de la gauche à Paris, élu du 11e arrondissement, son arrondissement dont il a été le maire et le député.

Il est un homme engagé ayant porté le combat le combat du PACS, celui de la liberté de la presse et tant d’autres.

Il sera Premier adjoint chargé du Conseil de Paris, de l’éducation, de la petite enfance, des familles, des nouveaux apprentissages et des relations avec les mairies d’arrondissement.

Par ailleurs, j’ai décidé de confier l’urbanisme, l’architecture et le Grand Paris à Lamia El Aaraje, qui sera aussi en charge de l’accessibilité universelle et des personnes en situation de handicap. Le rapprochement de ses deux portefeuilles montre la priorité que nous fixons à l’aménagement de l’espace public pour toutes et tous.

Enfin, Johanne Kouassi actuellement conseillère déléguée en charge des services publics de proximité et des relations avec les arrondissements auprès du Premier adjoint, verra sa délégation étendue à la petite enfance.

Mes chers collègues,

Je sais que nous pourrons toujours compter sur les Parisiennes et les Parisiens pour que Paris demeure une ville refuge et accueillante, une ville généreuse, solidaire où chacun peut vivre comme il l’entend et aimer qui il souhaite.

Je veux vous le dire aujourd’hui : je suis la Maire d’une ville de liberté, d’égalité et de fraternité.

Cette liberté si chère, Paris la défendait déjà sur les ruines de la Bastille en 1789, puis en 1871, avec les Communards qui déjà promouvaient la laïcité et l’égalité entre les femmes et les hommes.

Il y a 80 ans, en 1944, des Françaises et des Français, animés d’une prodigieuse conscience de l’honneur, d’une intime croyance dans les valeurs humaines, sont tombés avec courage au nom de la liberté.

C’est à Paris que furent signés la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789, la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 puis les Accords de Paris de 2015.

En tant qu’élus de Paris nous sommes les dépositaires de ce legs précieux, qu’importent les desseins de ceux qui sèment la division, la haine et le rejet de toute forme d’humanisme.

Paris, ville de la Rafle du Vel d’Hiv, que nous allons commémorer le 16 juillet, sait l’ignominie de l’antisémitisme et de la tragédie qu’il a engendré sous la responsabilité première de Philippe Pétain.

Paris, ville compagnon de la Libération, ville du Conseil National de la Résistance, ne consentira jamais au recul des droits sociaux et humains.

Cet après-midi, avec gravité, je veux adresser un message aux Parisiens, aux Français et aux citoyens du monde qui aiment Paris.

Paris est une ville riche de toutes ses influences, comptant 120 nationalités.

Paris est une ville diverse où un habitant sur 4 est né à l’étranger.

Paris est une ville généreuse où un habitant sur 4 donne du temps pour les autres. Une ville qui compte près de 700 000 bénévoles membres d’une des 70 000 associations parisiennes.

C’est cette ville, dont parlait Hugo, qui est « est la capitale de la civilisation, qui n’est ni un royaume, ni un empire, et qui est le genre humain tout entier dans son passé et dans son avenir ».

Oui, Paris restera cette capitale du monde fidèle à ses valeurs de liberté, une ville humaniste qui donne toute sa place au vivant, une cité respectant notre planète, une ville de création et de liberté qui consacre la place des artistes, des chercheurs, des intellectuels et des scientifiques.

Une ville résolument tournée vers l’avenir.

Tenant compte des espoirs nouveaux et des incertitudes qui se dressent devant nous, Paris, capitale de la France, ville hôte est prête pour accueillir le monde entier à l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques.

Ces Jeux, je les ai voulus et j’en suis fière vont profondément vont profondément transformer notre ville.

Ils seront festifs, populaires, mais aussi, je l’espère, un moment de concorde et d’unité dont notre pays a tant besoin.

Vive Paris !

Vive la République !

Vive la France !